23 Juil Bien nourrir son microbiote
Bien nourrir son microbiote, son bodyzoo
Saviez-vous qu’une faune composée d’environ 100 000 milliards de micro-organismes vit dans notre intestin. cette flore intestinale, a un impact sur notre santé bien plus grand qu’on ne l’imagine. Décryptage.
L’idée peut paraître effrayante : on compte environ un kilo de bactéries dans l’intestin d’un adulte moyen. Notre éducation basée sur le tout propre, la stérilisation et le contrôle à l’extrême nous a fait croire qu’elles étaient nos grandes ennemies. Rappelez-vous les « ne touche pas à ça » ou « ne joue pas dans la terre, c’est sale » de votre enfance. Peut-être avions-nous tout simplement tort. Ces micro-organismes qui constituent notre flore intestinale doivent être apprivoisés et même chouchoutés.
UNE DÉCOUVERTE RÉCENTE
Cela fait à peine 10 ans que les scientifiques commencent à s’y intéresser. Aux Etats-Unis, à San Diego, le projet scientifique « American Gut » invite les citoyens à envoyer leurs échantillons de selles pour les analyser. Ils comparent ainsi la composition de la flore intestinales de personnes en parfaite santé et de ceux de personnes malades afin de comprendre si ces populations microbiennes jouent un rôle dans le développement des maladies étudiées. Ils comparent aussi la flore d’individus sains suivants des régimes alimentaires différents. Actuellement, ces chercheurs ont déjà réussi à prouver que le fait d’avoir un microbiote très diversifié, qui contient beaucoup d’espèces microbiennes différentes, est associé à une bonne protection contre nos maladies modernes ». Le microbiote est composé de milliards de microbes qui vivent avec nous : sur la peau, la bouche, les intestins, le vagin pour les femmes…toutes les zones de contacts entre le milieu extérieur et notre corps. Il se compose de bactéries, de virus, de champignons et de petits êtres unicellulaires. Celui-ci joue un rôle très important pour l’être humain car il exerce de nombreuses fonctions : digérer certains aliments comme les glucides complexes, produire certaines vitamines, apprendre à notre système à faire la différence entre des agresseurs potentiels et nos propres cellules, influencer notre humeur, réparer notre intestin… Ces microbes nous leur offrons le gite et le couvert.
MICROBIOTE, TOUS ÉGAUX ?
C’est lors du premier contact avec le monde extérieur que le microbiote se forme. Dans le ventre de sa maman, le bébé est dans un environnement considéré comme étant stérile. Au moment de la naissance, il acquiert la flore vaginale de sa maman. Un détail important : cette flore vaginale change au cours de la grossesse pour donner les meilleurs microbes possibles au bébé, notamment ceux qui lui permettront de bien digérer le lait maternel. Lorsqu’un bébé nait par césarienne, il aquière un microbiote différent : celui de la peau de sa maman. Au niveau clinique, les nouveaux nés venus au monde par césarienne sont à risque de développer de l’asthme, des allergies… dans l’enfance. « Il ne faut surtout pas avoir de discours culpabilisant vis-à-vis des jeunes mamans car la césarienne n’est bien souvent pas un choix mais une procédure visant à guarantir la sécurité de tous. Qui plus est ce n’est pas le seul élément qui va influencer la compossition de notre microbiote » En effet, le deuxième élément à prendre en compte est l’allaitement. Dans le lait maternel, on retrouve certaines bonnes bactéries et des prébiotiques. Ce sont sucres non digérables par le bébé mais arrivant intact au niveau du côlon et servant de nourriture à nos microbes.
COMMENT APPRIVOISER notre microbiote, notre bodyzoo?
Notre microbiote va énormément évoluer au cours de notre vie, il se modifiera essentiellemet durant la petite enfance. Créer un environnement favorable au microbiote est un travail au quotidien. De nombreux paramètres sont à prendre en compte. Avoir des contacts avec des animaux de compagnie à poils dans la petite enfance favorise, par exemple, un microbiote plus diversifié et est associé à une diminution des risques de développer de l’asthme et des allergies à l’âge adulte… ces contacts avec les animaux familiers diminueraient même le risque d’obésité ! ». Certaines études suggèrent d’ailleurs que la bonne humeur des jardiniers viendrait du contact de ceux-ci au quotidien avec de nombreuses bonnes bactéries qui influencent notre bien-être »
SOMMES-NOUS BONS ÉLÈVES ?
Si vous êtes comme la plupart des Européens, vous mangez d’abord parce que vous aimez vous faire plaisir. Et ce, même si c’est parfois trop gras, trop sucré ou trop salé. Souvenez-vous pourtant de l’expression de Socrate : « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger ». L’alimentation joue un rôle clé dans le développement de notre microbiote. L’alimentation occidentale comporte un déficit en fibres majeurs. De plus en plus de données scientifiques prouvent à quel point ce mode d’alimentation est important, pourtant nos choix sont de plus en plus délétères pour le microbiote. « Nos bactéries vont bientôt rejoindre la liste des espèces en voie de disparition » souligne la chercheuse. Les bactéries de notre tube digestif sont sélectionnées en fonction de ce qu’on mange. Certaines sont spécialisées dans la dégradation des fibres, d’autres dans de protéines. La clé pour avoir un microbiote bien diversifié est de manger une grande variété de végétaux : légumes, céréales, noix, racines, fruits… Les végétariens et végétaliens ont-ils donc tout bon ? Oui ! Des études prouvent que le régime végétarien et végétalien est positif pour nos amies les bactéries.
Laure Ysebrant (interview par Emilie mascia)